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Titania
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21 avril 2007

Pygmalion

             A Chypre vit le roi Pygmalion qui, dégoûté par l'intempérance des femmes de son île, s'était voué à un célibat exclusif. Fort habile de ses mains, il se consacre à la sculpture et façonne dans de l'ivoire blanc comme de la neige un corps de femme, plus beau que tout ce que la nature peut créer. Emerveillé par la perfection de son œuvre, Pygmalion n tombe peu à peu amoureux. Bientôt, il lui parle, il la caresse, il lui apporte de menus cadeaux. De plus en plus épris, il la pare de vêtements précieux, orne ses doigts et ses oreilles de bijoux de pris. Il la couche sur des étoffes de pourpre et s'étend lui-même auprès de la belle insensible.
            Tous les ans ont lieu à Chypre des fêtes en l'honneur d'Aphrodite, protectrice de l'île. Debout devant l'autel où il va accomplir un sacrifice, Pygmalion supplie la déesse de lui donner pour épouse une femme semblable à sa vierge d'ivoire. Touchée par cette prière, Aphrodite donne un signe favorable en faisant s'élever à trois reprises une flamme au dessus de l'autel. De retour dans sa demeure, Pygmalion comme à son habitude se rend auprès de sa statue bien-aimée. Lorsqu'il lui donne un baiser, il croit sentir une tiédeur insolite dans le corps d'ivoire. Persuadé d'abord qu'il s'agit d'une illusion, Pygmalion se rend compte en sentant la chair de la vierge céder sous ses doigts que la statue est devenue une femme réelle qui, en rougissant, , lui rend ses baisers. Pygmalion donne à son épouse le nom de Galatée et la fille du couple, Paphos, devient la protectrice de la plus célèbre des îles cypriotes.

             Pygmalion pensa d'abord que les lourds effluves du temple l'avaient enivré. Il se dit que les fleurs et les fruits déposés en abondance aux pieds de la déesse avaient tout simplement commencé à se décomposer, que leurs essences, mêlées aux volutes d'encens s'étaient insinuées dans son esprit et avaient altéré ses facultés de jugement. Non! Bien sur que non, l'ivoire si lisse et si parfait n'avait pu se couvrir d'un léger duvet, non la noble et pure matière n'avait pu s'amollir et se velouter. Les petites veines bleutées, la pâleur lactée et transparente de la chair n'étaient pas réelles. Et cette chevelure, cette crinière mousseuse et tiède qui semblait se frayer un chemin doré à travers les godrons et les cannelures qu'il avait eu tant de mal à sculpter. Chaque creux, chaque plein, né de sa patience, de son amour, était envahi par une coulée de vie, la vie débordait, elle chahutait les reliefs si précis, si ordonnés de la statue.
             Les yeux, ces yeux aux proportions si parfaites, étaient à présent humides et mobiles, frangés de cils clairs, les narines délicates frémissaient à l'apparition de minuscules tâches de rousseur. La bouche de Galatée, aux contours si hiératiques, s'animait d'un sourire simple et serein. Pygmalion attrapa la main de sa création pour retenir les dernières bribes de matière dure. La petite main se referma calmement ; il sentit alors la douceur de sa paume, le modelé des doigts, la pulsation régulière de son poignet. Puis il vit les joues crémeuses de Galatée s'animer de rose, de petites fossettes se creusèrent près de ses pommettes. Bien qu'il ne l'eut pas réalisé lui-même, il fut ému par la dentition fine et régulière. Et lorsqu'elle souffla : " Bonjour mon amour ", il se surprit à sourire béatement à ce beau brin d'ivoire.

Ovide, Les métamorphoses

pygmalion_600
Rodin, Pygmalion.


          Des murs couverts de larges tentures, des allées pavées de marbre... Comme si tout le faste de milliers de palais était réunis dans celui-là... Le parfum entêtant des jasmins dégringolants des balcons, le doux murmure des fontaines dans les nombreux atriums bordés d'arums. Mais le palais est vide,désespérèrent vide... A la suite d'Orphée,j'erre au milieu de salles immenses me retournant parfois au frôlement d'une étoffe. Il semble pourtant que le palais ne soit pas désert; comme une présence, un souffle, nous précède. Les portes s'ouvrent devant nous sans personne pour les pousser, les rideaux se tirent pour laisser entrer une lumière effrontée et l'encens brûle doucement dans de grandes vasques.
         Mes yeux se posent sur tout ce qu'il trouve, je les ouvre très grand je veux tout voir, tout mémoriser. Au milieu de la grande salle du trône, enfin je perçois un murmure. Ce n'est pas celui de l'eau, nous avons laissé depuis longtemps les fontaines, ni le pépillement des oiseaux qui révise joyeusement leurs odes.
         " Orphée, qui est ici ? J'entends des murmures et des frôlements d'étoffe et pourtant je ne vois personne ..."
           " Ce sont les vents, anciens serviteurs de l'Amour. Ils vont et viennent, plus efficaces et plus rapides que tout autre. Ils nous suivent depuis ton arrivée et portent le message à tous les habitants. Certains sont restés et ont préparé le chateau pour ton arrivée. Tu ne peux pas les voir mais je pense que la plupart sont réunis ici, dans la salle du trône."
           J'allais être couronnée, les surprises n'en finissaient pas de se suivre. Lentement la grande salle se remplit. Etres de toutes sortes, personnages mythiques, tout Ovide semblait défilé devant moi ; les cultures se mélangeaient : là-bas des Djinns, ici dieux mayas... Tous se bousculaient dans la grande salle. Un groupe de faunes entamât à la flute,une marche solemnelle et gaie, toutes les tentures étaient tirées pour laisser entrer le soleil. Et du fond de la salle, les invités s'écartèrent pour laisser passer celui que je pensais être l'officiant. Il vint vers moi à travers toute la salle bondée à présent : " Je suis Pygmalion, vassal, et j'orais, ma chère, la joie de vous couronner " ....

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